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Lalla Essaydi

Lalla Essaydi est une artiste contemporaine marocaine qui utilise essentiellement la photographie et la calligraphie arabe. Elle travaille par ailleurs d’autres médiums comme la peinture, la vidéo et l’installation.


Le parcours de Lalla Essaydi commence au Maroc, où elle est née et a grandi. Après quelques années passées en Arabie saoudite, ses études l’amènent jusqu’en France où elle sera diplômée de l’École des Beaux-Arts en 1994, puis aux États-Unis où elle obtient une Licence et un Master en Beaux-Arts (Université de Tufts, 1999 et École du Musée des Beaux- Arts de Boston, 2003). Aujourd’hui, elle partage son quotidien entre New York et Marrakech. Elle est actuellement représenté par quatre galeries (Howard Yezerski Gallery à Boston, Edwynn Houk à New-York et Zurich, et Gallery Tindouf à Marrakech) et a été exposée dans plusieurs pays, des États-Unis au Japon, en passant par la France et la Syrie.


Son travail est axé autour de la représentation du corps de la femme et notamment la complexité de la vision occidentale sur l’identité des femmes des pays arabes. Avec son regard de femme adulte émancipée, elle puise dans ses propres souvenirs de petite fille marocaine : elle interroge son présent au-travers de son passé. Elle "souhaite [se] présenter via différents prismes : comme artiste, comme marocaine, comme traditionaliste, comme libérale, comme musulmane". Son travail prend la forme de séries photographiques où elle travaille elle-même la calligraphie arabe au henné, sur de nombreux supports (tissus, corps, murs, etc.). Elle photographie des femmes qui lui ressemblent : marocaines, expatriées, elles sont marquées par leur expériences dans le pays d’origine mais aussi par celles vécues dans le pays qui les a accueilli. Dans cette idée, Lalla Essaydi utilise des matériaux associés à l’art islamique en les incluant dans une imagerie plutôt proche de l’art occidental. Elle puise notamment ses inspirations dans l’imagerie orientaliste occidentale du XIXe siècle. Si Lalla Essaydi ose de tels grands écarts stylistiques, c’est pour inviter les spectateurs à repenser les mythologies orientalistes en résistant aux stéréotypes.


Le travail de Lalla Essaydi est notamment reconnaissable grâce à l’emploi systématique de la calligraphie arabe. Ceci crée alors dans ses photographies un premier niveau d’observation. Bien qu’utilisant une forme d’écriture, Lalla Essaydi n’en permet forcément pas la lecture. Même les arabophones auront des difficultés à déchiffrer les mots, tant cette écriture se superpose sur elle-même, sur les supports, etc.


Avant de développer plus précisément cette caractéristique du travail de cette artiste, revenons un instant sur l’histoire de l’écriture arabe, et notamment sur l’interprétation d’Oleg Grabar dans son ouvrage intitulé Penser l’art islamique. Avec la fulgurante expansion du monde arabe au VIIIe siècle, l’écriture y a quelque peu perdu ses repères : le Coran pouvait alors être lu et interprété de différentes façons et les communications entre les provinces éloignées devenaient impossibles. Afin de pallier ces deux problèmes, une réforme est lancée au Xe siècle visant à normaliser l’écriture : le khatt al-mansûb fixe alors les proportions entre les lettres et les mots. Au cours des siècles qui suivent, l’écriture arabe continue d’évoluer, avant d’être à nouveau codifiée par une nouvelle réforme au XIIIe siècle : à partir de ce moment, sept styles sont officiellement reconnus. Selon Oleg Grabar, le but de ces différentes interprétations de l’écriture avaient pour but de "décorer le texte et de lui procurer une qualité esthétique". Ainsi, les copistes se sont efforcé de créer un équilibre en faisant évoluer, par exemple, les lettres vers des formes végétales ("coufique fleuri") : l’écriture devient alors une forme d’art. C’est à partir de ce moment que nous pouvons parler de calligraphie, notamment pour son emploi sur parchemin ou papier. Mais ce qu’il est intéressant de relever c’est l’emploi de l’écriture sur d’autres supports que le parchemin et le papier. En effet, dès les débuts de l’art islamique, l’écriture est aussi apposé sur les murs, les tissus, les objets en céramique ou en bronze. Elle y est parfois peu lisible et révèle une nouvelle fonction de l’écriture dans l’art islamique : selon Oleg Grabar, "on ne lit plus, on regarde", l’écriture devient une fin en soi.

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